Lorsque Floriane nous a proposé d’écrire quelque chose pour le bulletin Info Lao, fidèle à mon habitude, j’ai accepté sans réfléchir. Maintenant que j’y pense, je m’aperçois que, cette année, je n’ai presque rien fait pour PEMM. J’ai juste admiré les exploits de nos missionnaires en formations de pédiatrie, obstétrique, premiers soins… j’ai applaudi le travail accompli dans les divers chantiers, et bien sûr le « Mobil Boat »…À part ça je suis resté douillettement dans notre hexagone.
Alors que dire, quoi écrire ? Tiens, je vais essayer de vous raconter mon histoire avec PEMM…
Au début de ce millénaire je suis allé en touriste au Laos. C’est peu dire que j’ai été séduit par ce pays avec ses paysages magnifiques et surtout cette population ouverte et accueillante. Tout dans ce pays respirait l’harmonie. Malgré l’extrême pauvreté de ces contrées, je me suis baladé dans une sorte d’Helvétie extrême-orientale.
Quelques années plus tard, avec ma compagne nous avons décidé de retourner au Laos, mais pas comme touristes. Nous avions envie d’être un peu utiles. J’ai pianoté sur internet, et j’ai trouvé une ONG à Saint Étienne avec son président, Jean Michel Courtois. Ce nom me disait quelque chose. À la retraite je l’avais perdu de vue, mais j’ai travaillé avec lui pendant au moins vingt ans. Je peux dire que nous avons eu quelques aventures ébouriffantes. De son côté, il n’est pas resté inactif. Il a décidé de venir au secours des populations déshéritées du Nord-Laos méprisées et ignorées du pouvoir central depuis qu’elles ne sont plus combattues. Je téléphone. On se reconnaît. Je lui fait part de mon projet, et j’entends sa réponse : « Quelle coïncidence ! Cette semaine j’ai reçu un message de Vientiane. Mon ami Michaël, fondateur d’une association de parents et créateur du seul établissement au Laos pour les enfants autistes, m’a demandé si je connaissais quelqu’un qui pourrait assurer la formation du personnel éducatif ». L’affaire a été vite conclue et je suis parti au Laos pour une première mission. À la fin, tout le monde était satisfait. Donc depuis 2015, je pars chaque année, sauf virus hostile, dans l’établissement de Vientiane et aussi dans l’établissement de Pakse qui a été ouvert par la suite. Chaque fois une collègue m’accompagne et l’irremplaçable Manivanh veille au bon déroulement des opérations ainsi qu’à une communication agréable et efficace.
Je ne suis hélas plus très jeune et l’année 2024 devait être pour moi la dernière en tant que « chef de mission ». Il était convenu qu’Annabel, qui m’avait déjà accompagné une fois prendrait la direction des opérations. En réalité elle l’avait déjà fait mais personne ne s’en était rendu compte ou n’avait voulu le voir. Dans le domaine de l’accompagnement des personnes autistes Annabel en sait bien plus que moi. C’est d’ailleurs elle qui m’a appris le peu que je sais. Mais au Laos peut-être encore plus qu’ailleurs dans le monde, l’homme blanc, surtout s’il est orné d’un titre de docteur, est bien plus important qu’une femme, quelle que soit sa couleur de peau.
Rien n’est jamais simple. Annabel, assaillie de responsabilités ne peut pas s’extraire aisément de ses nombreuses tâches. Donc pas de mission en 2024. J’ai tout de même bon espoir pour l’année prochaine et je lui remettrai officiellement les clés de contact, l’eau du bain et tout le reste. J’espère être encore capable de l’accompagner les années suivantes. Il faudra bien en effet que quelqu’un se dévoue pour porter les valises.
En attendant, chaque fois que je vais à Saint Étienne, je fais un petit détour par la place Saint Roch, et j’y trouve toujours quelqu’un, plutôt quelqu’une, Floriane, Hélène, Valérie…. qui ne font pas que garder la maison. Le travail ne manque pas, l’harmonie et l’humeur tranquille du Laos sont là aussi.
N’hésitez pas. Venez nous rejoindre. C’est certain. Nous avons besoin de vous.
Jacques VAZEILLES
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